Après 5 ans de marasme, la demande mondiale de terres rares va bondir selon des experts. La Chine, principal fournisseur, devra bientôt en importer
C’est une projection choc. Le petit marché des terres rares, ces matériaux peu connus mais présents dans les écrans plats, les batteries des voitures électriques , les smartphones ou les éoliennes, pourrait requérir d’ici quelques années la construction d’une mine par an pour répondre aux besoins grandissants des industriels.
Telle est la conclusion du cabinet de recherche Adamas Intelligence, spécialiste des métaux critiques, qui vient de publier un rapport de plusieurs centaines de pages sur les perspectives du secteur pour la décennie à venir. « Entre 2020 et 2025, la croissance de la demande mondiale des terres rares [les plus recherchées] va s’accélérer d’une année sur l’autre, assure ainsi leurs auteurs. Cette forte hausse de la demande ne pourra être satisfaite que par le développement continue et rapide de nouvelles mines. »
Surproduction illégale en Chine
Depuis l’explosion des prix des terres rares en 2011, qui avait révélé leur existence au monde, la demande s’est pourtant effondrée , d’une part en raison des craintes des acheteurs sur la sécurité de leur approvisionnement, d’autre part parce que plusieurs technologies sont progressivement remplacées, comme les tubes fluorescents, les batteries NiMH ou les disques durs. Au cours des douze derniers mois, les prix de nombreux oxydes de terres rares s’affichaient au plus bas depuis huit à dix ans, rapporte Adamas Intelligence, plombés en outre par une surproduction illégale abondante en Chine.
Mais le marché est « sur le point de repartir » et le cabinet juge même les perspectives des années 2020 « exceptionnellement prometteuses ». La demande pour les terres rares découlera du déploiement à grande échelle des énergies renouvelables et autres technologies vertes : éoliennes terrestres et maritimes, véhicules hybrides et électriques, pots catalytiques, etc. Les directives politiques, qui impulsent souvent le développement de ce types de technologies, seront donc clé pour l’évolution du marché des terres rares, soulignent les auteurs du rapport.
A la recherche du néodyme
Pour la Chine, qui conserve aujourd’hui le quasi monopole en produisant plus de 95 % des terres rares utilisées sur Terre et qui en est aussi le premier consommateur, la donne pourrait changer. « L’insatiable appétit chinois pour les terres rares va continuer à augmenter dans les dix ans à venir et la production locale aura du mal à suivre, quelque soit le scénario étudié. En conséquence, le pays deviendra un importateur net de certaines terres rares », affirme Adamas Intelligence. A commencer par le néodyme, un élément qui sert à fabriquer les aimants permanents destinés aux